12 mars 2012

Merci pour le Gala!


MERCI
POUR
LE
GALA !

11 mars 2012

Les noms des prix au 3e gala de l'Académie, CE SOIR!!!!!!!



Cette année, on trouve qu'on t'a déjà pas mal gâté parce que tu connais déjà tous les lauréats. Question de garder un peu de suspense pour le gala, nous avons décidé de ne dévoiler les noms des prix que le soir du gala. Ce soir, oui, oui, oui, oui. En attendant, oublie pas de nous aimer là: http://www.facebook.com/events/327139197330354/

Pis ben, Mathieu Arsenault y'en n'aura toujours pas de prix cette année, ben non. Y donne des raisons sur Doctorak, go! (voir http://doctorak-go.blogspot.com/2012/03/les-noms-des-prix-au-3e-gala-de.html, clique pas, copie-colle-le, c'est tellement plus physique!) Non, c'est pas pour ça qu'y'en n'aura pas, de prix. Moi j'suis d'accord, c'est un building qu'y mérite, Mathieu Arsenault! Après le théâtre, c'est la tévé qui va encenser saviesonoeuvre, ça va être beau mais on pleurera pas, okay? Pis! Câlisse, faudra dire à Arsenault que ça doit faire ben longtemps qu'on s'est pas conté nos vies au Ch'val. Moi qui bitche les littérateux c'est TELLEMENT 2011!!! Astheure j'ai appris une vérité universelle, première, essentielle (pis NOFX le chantait si ben sur S&M Airlines de l'époque de quand j'avais 15 ans que jamais j'créré, j'aurais ben dû m'en rappeler): People suck. Mais ça, c'est le début de la sagesse, du laisser-aller, du je-m'en-foutisme... L'important, au fond, c'est que tu donnes des prix. Tsé, des vrais de vrais prix. Qui suckent pas. Pour célébrer. Lève-toi le matin pis donne des prix. Pense pas à toi dans le rayon de soleil, Sophie Calle entre tes mains, qui dis que t'es fier de moi avec des osties de yeux dans 'graisse de bine. Pense pas à toi en-dessous du puits de lumière qui jouit. Nah, les prix, c'est toute ce qu'il y a. Occupe-toé, viarge, éduque-toé: donne des prix. Texte pas. Donne des prix. Essuie-toé, varge, câlisse-moi des prix par la tête. Ostie que c'est beau pis que j'suis contente d'être là.

Pis toi aussi tu vas être joyeux, mon coeur, parce que toi aussi tu vas être là: Club Lambi. 11 mars (oui, oui, tantôt), portes 19 heures, Gala 20 heures. Propofol. Duo Camaro. Des lauréats plein tes yeux, facque. Pleure pas. Du ben beau monde. Qui suckent pas, eux-autres non plus. J'te l'dis: c'est les exceptions. On leur a donné, choisi, fabriqué, inventé des ben beaux prix. Tu vas les aimer, okay?

Pis oublie pas de v'nir te présenter. Pis m'dire que toissi t'es l'exception. J't'attends, là, m'a être la fille sul stage a'ec la robe bleue marine bateau pis le taj mahal reproduit pleins de fois en doré dessus.

10 mars 2012

Roger Des Roches, Le nouveau temps du verbe être


Comme toute grande poésie, celle de Des Roches met ici en place un dispositif langagier qui vient répondre à une question. La sienne est très étrange en apparence: comment prendre le concept de Transsubstantiation (la transformation « réelle » du pain et du vin en corps du Christ dans l'Eucharistie) et le faire délirer, le démocratiser, le libérer de son carcan religieux. Ici, tous les corps peuvent devenir tous les autres non seulement métaphoriquement, mais réellement, dans ce réel langagier qui constitue le fondement de toutes les réalités subjectives et auquel la poésie a un accès privilégié. À première vue, le livre de Des Roches peut paraître intempestif, mais il rappelle cette lourde responsabilité historique que la poésie a envers la Liberté et que les poètes plus jeunes ont malheureusement tendance à oublier.

Roger Des Roches, Le nouveau temps du verbe être, Les Herbes rouges, 2011

Gillian Sze, The Anatomy of Clay


Lire Gillian Sze, c’est entrer avec elle où elle va, on se promène dans une domesticité de cafés et de tiroirs remplis. Tendrement, on se rattache aux chauffeurs de taxi, aux vieilles lettres d’amour qui ne veulent plus rien dire, aux tasses tachées dans l’évier. Des images fantastiques tirées des films et des mythes, on ne garde que ce qui existe, l’ordinaire, le monde qui se noie dans le fond des gorges... L’idée d’un mensonge traverse le livre, se promène au creux des vagues, chaque fois il nous touche mais ne nous prend pas. Partout dans The Anatomy Of Clay, il y a cette protection qu’amène le quotidien, un îlot, chaque soir on se borde soi-même, dans une tristesse ambiante mais qui refuse les regrets. Voici un recueil qui nous laisse, nous et nos os, magnifiquement brisés. (texte: Catherine Cormier-Larose)

Gillian Sze, The Anatomy of Clay, ECW Press, 2011.

Mark Ambrose Harris, Beautiful Books


Les premières expériences érotiques arrivent dans l'environnement domestique. Pour ces petits enfants chétifs écrasés par l'angoisse et la timidité, par l'inquiétude d'être inadéquat à toutes les brutalités que peuvent offrir la fratrie des cousins ou de la cour d'école, ces expériences se produisent parfois tout seuls, devant un livre. Un livre de contes, un roman, un livre de photos. Prendre le livre, fixer la page, sentir pour la première véritable fois cette érection si forte qu'elle en fait presque mal. Replacer le livre, puis retourner le reprendre, fixer la page, détailler la scène, le replacer encore sans laisser de trace. Beautiful books ne compte peut-être que dix pages, il arrive parfaitement à saisir ce souvenir intime et parfois honteux que partagent tant d'intellectuels.
Devant ces livres, nous étions peut-être plus libres que ne le seront jamais les enfants d'aujourd'hui qui devant l'ordinateur laissent des traces et s'offrent à la culpabilité et à la honte lorsque le regard parental découvrira l'historique de recherche.

Mark Ambrose Harris, Beautiful Books, Ribbon Pig Vol. 1, 2011

Caro Caron et Christine Redfern, Qui est Ana Mendieta?


Les dessins de Caro Caron ne font pas qu'illustrer le récit polémique de Christine Redfern: ils construisent un véritable système d'annotations qui permettent de faire sentir l'indignation que peut susciter la mort suspecte d'Ana Mendieta. Les figures de femmes enluminent le récit principal et forment comme des notes de bas de page qui enrichissent le texte de sensations plutôt que de références et arrivent à nous faire prendre ce pas de côté de moins en moins évident qui fait apparaître à quel point le paternalisme et le sexisme ordinaires sont scandaleux. Le style de Caro Caron institue une atmosphère de cauchemar carnavalesque finalement beaucoup plus adéquat au réel que la réalité elle-même, filtrée par une idéologie que nous sommes le plus souvent incapables d’épingler.

Caro Caron et Christine Redfern, Qui est Ana Mendieta, Éditions du Remue-Ménage, 2011

9 mars 2012

La collection "Inauditus", représentée par John Prosac


La revue anarchiste La bombe de 1909, comme Le Philtre bleu, roman décadent de 1924 qui rappelle Octave Mirbeau, contrastent tellement avec le récit institutionnel de la Grande Noirceur qu’ils donnent à imaginer une histoire secrète du 20e siècle québécois, une histoire des idées qui ne serait pas collective, mais uniquement faite d’une multiplicité d’expérimentations marginales, avec laquelle on ne peut que se sentir solidaire aujourd’hui, maintenant que les intellectuels comme les artistes n’arrivent plus à reconnaître dans l’image conservatrice que la majorité québécoise se donne d’elle-même. L’entreprise de réédition de la collection Inauditus constitue peut-être pour cette raison un des plus solides accomplissements de la pensée dépressionniste d’où elle est issue.

La collection "Inauditus", représentée par John Prosac

Naomi Fontaine, Kuessipan


Mathieu Arsenault écrit: Pas de récit, pas d’intrigue. Parce que l'écriture de Naomi Fontaine, derrière son calme apparent, résiste d’une manière acharnée. Elle résiste à la tentation du trash qu’elle observe pourtant de très près. Les caisses de 24, les pilules d'ecstasy, les maisons laissées à l'abandon sont comme des bêtes qui rôdent autour des enfants insouciants. Elle résiste aussi à la tentation de se replier complètement sur la nostalgie du bois, de la chasse, de la vie nomade. Kuessipan essaie plutôt par son écriture fragmentée de rapiécer un espace où l'avenir redevient possible pour les Innus, en rassemblant une à une des images que font tenir ensemble les figures de la mère et de l’enfant, qui portent sur leurs épaules le poids de tous les récits à venir.

Oui, un travail de colle rare, de faire tenir ensemble, de ne pas bouger, de rétention. De castastrophes évitées. Le respir ne revient que bien après la fin de la lecture.

Naomi Fontaine, Kuessipan, Mémoire d'encrier, 2011

8 mars 2012

Julie Brisebois, Pit Boilard, personnage de réseaux sociaux


Pit Boilard ne pourrait pas être un personnage de roman, car il n’a en réalité que la superficialité d’un dispositif langagier, indissociable des réseaux sociaux sur lesquels il est apparu. Il ne fait en effet qu'opposer son refus colérique de participer, de socialiser, de donner son assentiment à qui ou à quoi que ce soit, et ce, à coups de jurons criés en majuscules et de fragments délirants de sa supposée existence. La caricature absurde du personnage de black métalleux bourru et misanthrope de Julie Brisebois a cependant une portee plus grande: le mépris radical de Pit Boilard pour toute la futilité des échanges sans contenu le rend plus sérieux, plus intègre et finalement plus crédible que ces personnages superficiels que nous devenons inévitablement à chaque fois que nous cédons à la banalité du bavardage dont se nourrissent les réseaux sociaux.

Julie Brisebois, Pit Boilard, facebook.com/TABARNAQUE

Makenzy Orcel, Les Latrines


Selon la carte de hockey d'auteur:
Les littéraires puritains ne cessent de répéter que la provocation genre fourrer-crosser-décher à la Sade-Bataille-Guyotat, c'est dépassé. Mais les puritains pensent aussi qu’il est impossible que la corruption, l'oppression et le mépris des élites pour les déshérités de la Terre soient aussi choquants et généralisés qu'on le prétend. Dans ce contexte de misère mondialisée, Les latrines sont cet espace exigu ou la Révolution n'a jamais cesse d'avoir lieu, quand on n’a plus que le corps et le cul pour continuer à faire souffler ce vent de liberté sans concession qu'on n'espère plus nulle part ailleurs, porté par une phrase qui tue, et un rythme pas possible en plus. Si jamais un jour Makenzy Orcel remportait le prix Nobel, ça fuckerait pas mal notre projet d'Académie qui est, on le rappelle, de ne donner des prix qu'à ceux qui ont peu dechances d'en avoir ailleurs, et on serait pas mal de mauvaise humeur au bureau.

Makenzy Orcel, Les Latrines, Mémoire d'encrier, 2011

6 mars 2012

Alison McCreesh, Alison a fini l'école, blogue


Outre le traitement visuel toujours approprié aux situations qu’elle décrit, les dessins du carnet de voyage de McCreesh ont cette propriété de faire apparaître à quel point la photographie est impuissante à décrire les souvenirs de voyage. Ce ne sont parfois que des esquisses de paysage, comme s’ils étaient tracés après-coup, mais à d’autres moments ils détaillent soigneusement une scène et en captent la singularité. Parfois, le dessin s’effiloche aussi en périphérie, exactement comme on se rappelle un moment du voyage, par le détail d’une scène dont on a oublié le contexte, ou par des fragments de récit qui ne gardent que l’essentiel. Le trait de McCreesh, enfin, léger, parfois nonchalant, sans attaches, donne véritablement le goût de partir et c’est là une qualité inouïe.

Alison McCreesh, Alison a fini l'école, http://alisonmccreesh.canalblog.com/

Patrick Brisebois, Chant pour enfants morts, la réédition


Selon la carte de hockey d'auteur:
Le quadrillage artificiel et normalisé de la banlieue a fait disparaître l'angoisse que connaissaient les enfants vivant en bordure de ces paysages sauvages faits de marais et de sous-bois inquiétants, espaces par excellence des monstres et des fantômes. Mais la banlieue a aussi jeté ces mêmes enfants hors du territoire des mythes et de l'imaginaire qui structuraient leur rapport au monde, les laissant ainsi prisonniers dans des corps d'adultes à la dérive sans espoir de salut. Il fallait souligner la réédition de ce roman d'un gothique proprement québécois, où le fantastique est toujours suggéré plutôt qu'explicite, augmenté de plusieurs chapitres que l'écrivain mature a cru bon d'ajouter et qui complètent plusieurs lacunes du récit original.

Cela dit, défénitivement il y a des scènes originales qui me manquent. Mais je suis pour réécrire, réinventer, remettre au goût du jour un livre puissant à (re)connaître. Définitivement.

Patrick Brisebois, Chant pour enfants morts, Le Quartanier, 2011.

5 mars 2012

Kayou Lepage, Le jour des vidanges, blogue


Tiré de Doctorak, go! :
Le territoire langagier et visuel du Jour des vidanges se trouve partout dès qu’on s’éloigne des espaces institutionnels du langage. Les textes d’opinion, commentaires de blogues, chaînes de lettres, livres autopubliés, Kayou Lepage ne fait pas que les parodier, il manie avec dextérité leur matériau syntaxique pour en faire ressortir l’inquiétante étrangeté, leurs sous-entendus violents, schizophrènes, racistes, lubriques ou psychopathes. On imagine mal le degré d’entraînement qu’il faut atteindre pour arriver à tordre aussi parfaitement cette grammaire misérable qui donne sa forme à l’intolérance ordinaire, c’est la raison pour laquelle il fallait souligner les cinq années d’existence de ce blogue, à parution régulière dont l’humour trash n’est comparable qu’à celui d’Henriette Valium.

Kayou Lepage, Le jour des vidanges, http://www.lesvidanges.blogspot.com/

4 mars 2012

Jean-Philippe Tremblay, Carnavals divers


Comme Mathieu Arsenault l'écrira sur la carte de hockey d'auteur:
Tremblay fait fonctionner ensemble deux aspects de la vie urbaine. La décadence hipster faite de pistes de danse ironique, de soirées de poudre blasées et de baises sans conviction avec le cri informe de l'opinion publique formattée par les médias de masse. Le projet de Carnavals divers est de démontrer que ces deux réalités sont complémentaires et forment les deux facettes de la même vacuité politique qui évide la subjectivité et rend impossible tout lyrisme, toute sincérité, toute aspiration poétique. Mais paradoxalement, en combattant sans relâche sa propre stupeur et la tentation de se taire définitivement, Tremblay atteint cette force véritablement tragique dont rêvent en vain beaucoup de poètes actuels.

Pour moi Carnavals divers ce sera toujours une voix, basse, qui me parle à moi toute seule. Une écriture poétique comme on a rarement pu en lire au Québec francophone, comme si enfin s'était transposée la quotidienneté bouleversante des québécois anglophones dans un recueil en français. Enfin! ... et merveilleusement.

Jean-Philippe Tremblay, Carnavals divers, L'écrou, 2011.

3 mars 2012

Daniel Canty, Wigrum


Comme le dira la carte mise en oeuvre par Doctorak, go!:

L’angoisse provoquée par la culture dématérialisée, combinée à l’encyclopédisme proprement geek de notre époque, a pour répercussion de redonner toute leur grandeur aux cabinets de curiosité constitués d’objets riches d’une histoire singulière, au parcours unique, qui n’ont de valeur qu’en vertu des récits étranges, improbables ou exotiques qu’ils retiennent. Constitué comme un catalogue d’objets extraordinaires, Wigrum ne fait pas que tenir compte de cette fascination pour les collections hétéroclites, il la porte à son aboutissement, décrivant de faux objets dans un roman sans histoire qui contient pourtant les fragments excentriques mais bien réels de la culture savante et artistique des deux derniers siècles.

Pour commencer, pour finir et pour s'y ancrer, il faut se laisser bouleverser par la postface. J'ai tourné tous ses coins de pages, flabbergastée.

Daniel Canty, Wigrum, La Peuplade, 2011.